Lorsque j'ai écrit mon premier livre, "Exil en pays humain", je l'ai bien sûr envoyé à de nombreuses maisons d'édition prestigieuses. Je m'imaginais en auteur à succès vendant des millions de livres, évidemment.
J'ai cru mon rêve exaucé lorsque le livre a été accepté chez Plon Jeunesse, une maison parmi les plus grandes. En effet, un beau jour j'ai eu un appel de la secrétaire de rédaction m'informant que mon manuscrit, envoyé par courrier, avait été retenu par le lecteur extérieur, puis les trois lecteurs maison et enfin le directeur de collection ! La dame m'annonçait d'ailleurs un prochain appel de ce dernier pour finaliser le contrat.
J'ai passé les quinze jours suivants sur un petit nuage, c'était merveilleux !
Mais l'appel n'est jamais venu, et j'ai fini par recontacter la secrétaire, qui m'a avoué d'un ton peiné que le directeur de collection venait de démissionner et qu'on lui cherchait un remplaçant !
Deux mois plus tard je tentais de convaincre sa "successeuse" de continuer dans la lancée, mais cette dame comptait bien imprimer sa propre marque à la vénérable maison et ne se sentait absolument pas engagée par les décisions de son prédécesseur. Voilà comment, en quelques jours, je suis passée du paradis des auteurs à l'enfer des refusés.
J'ai trouvé rapidement un autre éditeur, mais bien moins prestigieux et connu.
Mon "Exil en pays humain" frôle tout de même les 10.000 exemplaires vendus sans avoir quasiment jamais figuré en librairie, ce dont je ne suis pas peu fière. Mes autres livres ont été réimprimés à plusieurs reprises et surtout, des centaines de fans me disent depuis 2008 combien ils aiment mes bouquins, ce qui me fait un plaisir fou. Je me sens utile à leur dispenser de la joie !
Il n'empêche que ce petit regret est toujours là : pourquoi des livres qui ont fait tant d'heureux ne pourraient pas en faire dix fois plus? Surtout quand des organisateurs de salons ou libraires me regardent de haut.
Un jour, une fonctionnaire d'un organisme collectant les coordonnées des auteurs m'a même dit d'un ton méprisant que je n'étais pas une "vraie auteure", n'ayant pas été éditée dans une grande maison. Pour elle, avoir pondu un imagier chez Hachette faisait de vous un vrai auteur, mais pas 25 romans vendus à plusieurs milliers d'exemplaires. Cherchez l'erreur...
Heureusement, mes chers lecteurs pensent différemment, n'est-ce-pas?
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